Les événemens qui se passaient en France attiraient l'attention de tous les peuples de l'Europe, et la situation du Roi depuis le commencement de la révolution fixait aussi sur lui tous les esprits. Les arts multipliaient partout son image. Il n'est donc pas étonnant que l'on ait frappé, à cette époque, en Allemagne, un grand nombre de jetons en cuivre portant l'effigie de ce prince. Ces sortes de jetons étaient fort usités dans ce pays, comme ils le sont encore, pour donner aux enfans et faire les comptes au jeu, ou pour d'autres usages équivalens.
J'ai réuni un grand nombre de ces jetons, et probablement la totalité des types divers dont on se servit pour frapper ces sortes de pièces; mais il y a lieu de croire que quelques variétés de ces pièces m'ont échappé, ces variétés étant assez nombreuses, comme on en pourra juger par celles qui seront décrites.
Ces divers jetons ont été presque tous frappés, ainsi que plusieurs d'eux l'indiquent, par J.-C. Reich de Nuremberg, et Lauer de la même ville.
Comme beaucoup de ces jetons ne portent point de date, il était nécessaire d'adopter à leur égard un système de classement régulier, d'après lequel ils se trouvassent réunis à diverses dates relatives aux époques probables de leurs fabrications. Voici comment les jetons de cette nature se trouvent donc classés: au 31 décembre 1790, celui décrit dans cet article, qui porte la date de cette année, et ceux ayant le même revers, et que l'on peut conséquemment croire avoir été frappés dans la même année; au 31 décembre 1791, ceux de ces jetons qui portent l'indication de cette année, ou qui font allusion aux qualités de Louis XVI ainsi qu'à sa situation, puisque c'est dans le cours de cette année que l'intérêt que ce prince inspirait devint plus vif, par suite de l'embarras de sa position et de la marche des événemens; au 31 décembre 1792, ceux de ces jetons qui portent l'indication de cette année, ou dont les légendes et types indiquent la position presque désespérée où se trouvait alors ce prince, ainsi que les regrets inspirés par la crainte de sa perte; au 21 janvier 1793, ceux de ces jetons relatifs à la mort du Roi.
La légende du revers de ce jeton est prise des médailles romaines antiques, sur lesquelles elle se rencontre souvent.
Le même revers se trouve à des jetons de la même nature, qui sont classés aux numéros suivans, au 31 décembre 1791 , au 31 décembre 1792, et au 21 janvier 1793.